3 - Trois

La Trinité, le trio... Celui qui casse la dualité, qui la sublime, qui va plus loin que le couple... 1 + 1 = 3, le couple forme un tiers plus grand que la somme des deux individus qui le compose. Trois, c'est deux plus un, l'arbitre, le regard extérieur ou celui qui est mis de côté dans le jeu à deux. Le tiers, c'est l'étranger. En français, nous le connaissons mal, il n'y a que deux genre, le masculin et le féminin. D'autres langues, nombreuses (néérlandais, anglais, allemand, grec, ...) connaissent bien cet autre "genre" qu'est le neutre.

Trois est le nombre qui permet de passer de la page en 2D au volume, à la 3ème dimension. D'une part, le 3 définit parfaitement un plan (en géométrie euclidienne trois points non alignés définissent un plan), d'autres part, il définit les 3 dimensions de l'espace. Sans lui, nous serions que des personnages en 2D, comme une bande dessinée... Avec certaines incohérences comme l'impossibilité de manger: le système digestif, avec un entrée et une sortie doit obligatoirement traverser tout ou partie du personnage de part en part et donc couper le personnage en deux... Le 3 nous donne cette dimension qui nous permet de nous mouvoir dans l'espace... Même si cela ne fait de nous que des personnages de jeu vidéo un peu évolué. C'est le chiffre qui donne du relief, c'est le chiffre du triangle (deux dimensions) et du cube (trois dimensions). C'est aussi un chiffre associé facilement aux pyramides (les 3 grandes pyramides d'Egypte) avec sa base carrée et ses faces triangulaire... Pyramides et mystères mystiques, source d'énergie, canal d'énergie, présent sur tous les continents et dans des civilisations aussi éloignées que la Mésopotamie et les Aztèques ou les Mayas.

En restant dans la mystique, le 3 est le chiffre de la Trinité, 3 personnes en un Dieu. La doctrine chrétienne ne veut pas y voir 3 dieux mais trois révélations d'un même Dieu, trois manifestations de Dieu, Un. Mais il est parfois difficile de ne pas faire certains rapprochements: dans la Bible, au début, Dieu est appelé Elohim qui est un terme hébreu au pluriel !... (attention, je ne suis pas raélien et je m'en préserve bien) Cela pose question... Cela pose aussi question quand on regarde le contexte de l'apparition de Dieu et du peuple hébreu: un univers peuplé alors de polythéisme... Mais là, on en reparlera sans doute... Juste au passage, rappelons l'importance de certaines trinités de dieux ailleurs: en Egypte, Osiris, Isis et Horus, Jupiter, Mars et Quirinus dans la religion romaine archaïque et puis plus tard la triade capitoline avec Jupiter, Junon et Minerve, Odin, Thor et Freyr dans la mythologie nordique, Taranis, Esus et Teutatès chez les Celtes, Brahma, Vishnou et Shiva chez les Hindous...

Cela rappelle également la tripartition indo-européenne: fonction sacerdotale, guerrière et productrice, revue chez Platon par le sage, le guerrier et le paysan voire encore le Tiers-Etat et les trois ordres dans l'Ancien Régime ou aujourd'hui encore les trois pouvoirs: législatif, exécutif et judiciaire...

Reprenons l'équation du couple: 1+1=3. Bernard Werber, dans son Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, en fait une petite démonstration qui peut sembler correcte sauf qu'elle implique une division par 0, ce qui est strictement interdit ! Mais remarquons néanmoins que deux 1 soit 11 vaut 3 en binaire...

Bernard Werber, encore lui, nous rappelle, dans Le mystère des dieux, derniers volets de la quinquilogie qui commence par les Thanatonautes, que l'Homme moderne est frappé par 3 grandes frustrations:

• Avec Nicolas Copernic, il apprend que la Terre n'est plus le centre de l'Univers mais elle tourne autour du Soleil (pauvre Aristarque dont on oublie souvent qu'il a la paternité de cet héliocentrisme dès le IIIème siècle avant JC).

• Darwin lui apprend qu'il descend des animaux et qu'il est cousin du singe... Je choque les créationistes mais je me permet de les mettre dans le même sac que les négationistes: ils nient des évidences... Nous en reparlerons peut-être.

• Freud qui fait naître toutes les grandes création artistiques de quelques pulsions.

Avez-vous déjà remarqué que dans beaucoup de contes de fées du folklore populaire, quand ils sont lus (ou écoutés, ce qui est mieux) dans des versions originales (cfr. les frères Grimm par exemple, pas Perault), ils comportent trois épreuves pour le héros ou l'héroïne. La sorcière se présente trois fois chez Blanche-Neige (pas celui de Walt Disney) et lui propose un peigne empoisonné, puis tente de l'étouffer d'un lacet avant la fameuse pomme. Dans la petite fille aux alumettes de Andersen, c'est après la troisième allumette que la douce grand-mère apparait. Chez le frères Grimm, outre les nombreux autres exemples de trois épreuves, plusieurs titres sont explicites: Les trois cheveux d'or du diable, les trois fileuses, les trois frères, les trois héritiers chanceux, les trois plumes, les trois rameaux verts

Il y a sans doute encore beaucoup à gloser sur le trois: couleurs primaires (jaune, magenta, cyan ou rouge, vert, bleu), le nombre pi, la trisection de langle, un des célèbres problèmes de la géométrie antique, le principe du tiers exclus, ...

Je retiendrai, pour aujourd'hui, essentiellement, l'idée de sortir de la confrontation: thèse, antithèse, synthèse, la voie du tao qui dépasse l'opposition entre Yin et yang, la voie du milieu, la voie moyenne.

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