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un peu de tout, un peu de moi
30 mars 2008

Réveil pénible - Episode I (Nouvelle)

Réveil pénible… comme tous les jours… mais particulièrement ce matin. La nuit a été agitée, peuplée de cauchemars: des montres partout, des aiguilles qui tournent fou, des mécanismes d'horlogerie trop envahissants,… Normal sans doute: depuis trois jours Alexandre travaille sur le site Web du salon de l'horlogerie suisse… Il est en retard dans son travail: du mal à se concentrer, des problèmes dans ses codes, bref, tout pour vous gâcher jours et nuits !

En entrant dans la salle de bain, Alexandre a une sorte de flash: un sentiment de déjà vu, de déjà vécu… Normal, rien n'est plus semblable à un matin de semaine qu'un autre matin de semaine. Après le rituel des ablutions matinales, il va chercher son journal dans la boîte aux lettres, comme tous les matins de semaine… Et là, de nouveau ce sentiment de déjà vécu: le journal ressemble trop au journal d'hier. En lisant la date, il a confirmation, c'est bien la date d'hier… Quoi ?! Ils se sont encore une fois trompé dans la distribution; ils lui ont refilé un invendu de la veille… Il lit les titres des articles de la une, ce sont bien les nouvelles qu'il a lues hier: pour l'essentiel les résultats sportifs du week-end…

Bon, il est temps de prendre le chemin de la gare. Le train est à l'heure. Même place… mêmes visages endormis… Alexandre est cependant un rien étonné: son voisin lit le journal d'hier. Pourtant, il lui avait semblé, hier matin, que ce brave monsieur lisait le même journal… Ouille, il est vraiment mal réveillé s'il confond hier et aujourd'hui…

Il arrive à son bureau, un peu plus dans le gaz que d'habitude. Habituel "bonjour" de la réceptionniste. Ensuite elle lui demande comment s'est passé son week-end… Décidément, il n'est pas le seul à avoir des problèmes de mémoire: il lui a déjà tout raconté de son week-end hier ! Ou alors, c'est qu'elle souhaite rester plus longtemps avec lui et, maladroitement, c'est le premier sujet de conversation qui lui est venu à l'esprit… C'est vrai qu'elle est mignonne… Mais non ! On ne va pas se mettre à mélanger travail et plaisir… Au boulot !

Alexandre prend une tasse de café comme d'habitude avant de s'installer en face de son ordinateur et de l'allumer. Il se connecte à sa messagerie électronique: aucun mail intéressant, juste quelques mails qu'il avait déjà lu… Bizarre, le serveur de messagerie a sans doute eu un problème cette nuit et a renvoyé les messages d'hier une seconde fois dans sa boîte aux lettres…

Il ouvre enfin son programme de création de sites Web et… Oh ! Horreur glauque ! Tout son travail d'hier semble avoir disparu… comme s'il avait oublié de sauvegarder toutes les modifications. Pourtant il lui semblait qu'hier il avait tout vérifié avant de partir ? Rapidement il fouille sur son disque dur… Rien. Il fouille sur le réseau de l'entreprise… Rien, aucune trace des modifications qu'il a faites hier…

Un coup de téléphone (accompagné d'un coup de gueule) au service informatique ne l'avance guère: "non, il n'y a pas eu de maintenance hier; non, on n'a pas remarqué de problème particulier; non, on n'a pas de copie de sauvegarde de votre travail d'hier (tiens, vous êtes venu travailler hier ? Remarque incongrue de l'informaticien, très mal reçue par Alexandre); oui, on va vérifier si un virus ne s'est pas introduit; oui, on vous rappelle si on a quelque chose…"

Bref, rien de ce côté-là. Ah ! Les mystères de l'informatique… Il n'y a plus qu'à recommencer avec courage et patience.

Midi. Enfin une pause.

Pour se réconforter de cette matinée bien mal engagée, Alexandre décide d'aller au Snack manger un plat du jour plutôt que de prendre son éternel sandwich "blanc de poulet, cressonnette avec un filet de vinaigrette à la moutarde". Normalement, il réserve ce genre d'extra pour le lundi: après le week-end, il n'y a plus grand chose dans son frigo et donc le lundi soir est réservé aux courses de la semaine pour le remplir, au détriment de la cuisine donc, d'où le plat du jour du lundi midi.

Il s'assied à sa table habituelle, comme hier, d'un geste passe sa commande à la serveuse et se plonge dans la lecture du dernier Eric-Emmanuel Schmitt. Ce passage qu'il entame lui dit quelque chose… Comme s'il l'avait déjà lu quelque part… C'est sans doute le style de l'auteur qui, très proche d'un roman à l'autre, lui donne cette impression de répétition… Il sirote son thé glacé…

Ça y est, son plat arrive… Non, ce n'est pas vrai… Une tranche de porc sauce poivre vert avec des frites, comme hier… Est-ce bien le plat du JOUR ? La serveuse confirme et s'en va happée par les autres clients. Le même plat du jour qu'hier, c'est un peu fort… Soit ils en avaient trop hier et ils le resservent aujourd'hui, soit ils manquent sérieusement d'imagination en cuisine… Bon ce n'était pas mauvais hier, ce ne le sera pas plus aujourd'hui…

Un sentiment bizarre commence à sourdre chez Alexandre, diffus, confus, le sentiment qu'il y a quelque chose de pas normal aujourd'hui… Cette journée a commencé par ces flashes de "déjà vu" qui l'ont poursuivi toute la matinée, puis le journal, les modifications perdues et maintenant ce repas qui revient comme une cassette vidéo rejouée… Décidément, il y a des jours où il vaudrait mieux ne pas se lever. Bah ! N'y pensons plus.

Retour au boulot !

C'est bizarre, il butte aujourd'hui sur les mêmes problèmes de codes qu'hier. Pourtant, hier, il était arrivé à une solution… Mais voilà, plus moyen de se souvenir comment il y était arrivé. Au fur et à mesure de son travail, il reconnaît les mêmes erreurs, les mêmes tâtonnements qu'hier… Fichue mémoire… Il serait peut-être temps d'aller voir son médecin pour un petit congé de maladie…

Seize heures dix. Le téléphone sonne: le client du salon de l'horlogerie. Il l'attendait celui-là. Il appelle à peu près à la même heure qu'hier, pour faire entendre les mêmes récriminations… Et Alexandre ne peut que sortir le même baratin pour le faire patienter encore un jour ou deux.

Cette journée enchanteresse se termine enfin, comme hier, par la découverte d'une solution pour ses codes: ça y est, le site Web tourne. Encore quelques modifications demain matin et Alexandre pourra téléphoner au client et balancer le site sur le Web dans les temps.

Il est l'heure de quitter ce bureau, de reprendre le train dans l'autre sens, enfourner une pizza dans le micro-onde et s'installer devant un bon film (le mardi, il y a souvent un chouette film sur un chaîne française).

Le quai de la gare, semblable à tous les quais de gare... Le train en retard, comme hier... Mais comme la semaine passée également... Et la semaine d'avant aussi... Bref, rien que du très banal... Pas de quoi réveiller un fonctionnaire !

Maison... Pantoufles... frigo... Gloups !! Attends, non... Là il y a un soucis... Le frigo est vide ! ... Coup d'oeil accusateur sur le chat... Mais non, ce n'est pas possible, cette stupide bestiole ne peut pas ouvrir le frigo, le vider et ranger convenablement les emballages dans le frigo... Pourtant Alexandre est quasiment sur d'avoir été faire les courses hier... Quoique... Il en est de moins en moins sur... Et si... Après tout, comme ses semaines se ressemblent à en mourir, qu'il a déjà remarqué que sa mémoire lui jouait quelques tours aujourd'hui... Une petite vérification s'impose... Il court jusqu'au coin de la rue... La petite épicerie est ouverte (tiens ! Leur jour de fermeture ce n'est pas le mardi ?)... Pas grave, il rentre, empile ses affaires dans le petit panier gris et passe à la caisse... "Bonjour Monsieur Alexandre, vous avez passé un bon week-end ?"... Bon quoi, on lui en veut à son week-end... Mais voici au moins la preuve qu'il n'est pas venu hier... Et c'est reparti pour un petit blabla sur le week-end, le temps qu'il fait et le temps qui passe... Toujours la même chose... Alors, une pizza dans le four et puis dodo... Ce sera sans doute mieux après une journée des plus pourrie...

Ce soir là, Alexandre a mis beaucoup de temps à s'endormir... Le film de la journée repassait sans cesse devant ses yeux clos, comme une vidéo en boucle... Il ressentait confusément que quelque chose ne tournait pas comme il aurait du tourner dans ce scénario... Mais impossible de savoir quoi... Il se voyait un peu comme ces policiers dans les films qui passent et repassent les bandes de vidéo-surveillance, sachant bien que la clef de l'énigme s'y trouve mais ne parvenant pas à la déceler...

Quand enfin il s'endort, ce sont de nouveau des montres qui l'assaillent, des aiguilles qui s'affolent, des pendules qui sonnent... Le boulot tourne au cauchemar.

A suivre...

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Commentaires
D
Pouah quel horreur!!! Vivre un truc pareil....
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